La spécialisation de l'association, sur les mammifères de Bretagne et les milieux qu'ils occupent ont séduit ce passionné par la vie sauvage. Longtemps impliqué dans les domaines sportif et syndical, adhérent à Ferus (association dédiée à la protection du loup, de l'ours et du lynx), il s'intéressait déjà fortement à la sphère naturaliste à travers ses lectures et observations personnelles. À la retraite, il se donne le temps de s'engager davantage pour la vie sauvage et adhère entre autres à Bretagne Vivante, au Groupe chiroptère Pays de la Loire et à la Société française pour l'étude et la protection des mammifères. "Je ne suis pas un homme de chapelle, mais je me sens très bien au GMB, estime-t-il, soucieux de conserver sa liberté d'engagement. J'y trouve le plaisir égoïste de la découverte naturaliste associé à une forme d'engagement pour la société."
Père et fille sont fiers d'appartenir à cette association composée de personnes "très compétentes, rigoureuses, mais aussi ouvertes et tolérantes". Ensemble, ils participent aux actions de protection et de prospection de l'association, notamment de son antenne du Morbihan. Grâce au Groupe mammalogique breton, Philippe s'est même formé à la biologie animale et à des techniques de prospection sur des espèces spécifiques comme la loutre. Eloignée un temps de la Bretagne à cause de ses études, Lucie a continué à prêter main forte à l'association. Même à distance, elle a gardé le contact. Avec son père, elle est l'une des rédactrices de l'Atlas des mammifères bretons qui sera publié par le GMB en 2014.
Depuis trois ans, ils s'adonnent ensemble à la chiroptérologie, l'étude des chauves-souris. En été, ils animent des Nuits de la chauve-souris, lors desquelles ils présentent au grand public la vie de l'animal. Braver l'obscurité ne va pas toujours de soi. La voix de Lucie vibre : "C'est un monde fascinant. La nuit, il n'y a pas de bruit, seulement celui des branches qui craquent, le hululement des chouettes, les micromammifères qui se déplacent sous la végétation". Dans les grottes, sous les ponts, sous les combles, père et fille comptent les colonies, identifient les espèces, suivent le radiopistage. Tous deux collaborent à l'opération SVP chauves-souris, récompensée et soutenue financièrement en 2010 par le Prix Agir du Crédit Coopératif - France Nature Environnement. Le duo se rend chez les particuliers qui s'aperçoivent de la présence de chauves-souris chez eux. Assimilé aux tourments de l'enfer dans l'imaginaire judéo-chrétien, ce mammifère inoffensif souffre d'une bien mauvaise réputation. Avec son père, chacun à sa manière, ils calment les inquiétudes, démêlent les confusions et démontrent que la cohabitation est tout à fait possible. Les chauves-souris ne sont pas des rongeurs et ne s'attaquent pas à l'isolation. De même, avec un seul petit par an, la surpopulation ne guette pas.